Avant

D'après mes papiers, j'ai 6 ans, née un 3 janvier 2013.
Je suis née quelque part, on ne sais pas où.

J'ai eu faim, très faim. Il n'y avait jamais assez, mon ventre toujours en train de gronder.  Je me souviens encore de ces mains qui se lèvent, des coups, des cris, jamais de caresses, pas de douces paroles sussurées à l'oreille, ...

Est-ce que j'étais attachée en permanence, est-ce que j'étais libre et faisait ce qu'il me plaisait dans la nature, je ne sais pas, je ne sais plus.

Toujours est-il que un jour, je me suis retrouvée à la SPA. Et ça, je m'en rappelle bien, je devais avoir dans les 20 mois.
Des bipèdes inconnus m'ont parquée dans un enclos, en compagnie d'autres chiens.

Beaucoup d'autres chiens... des petits, des grands, des mâles, des femelles.

Des chiens comme moi, dont personne ne veut plus, qui ne comprenne rien, et qui gueule, qui gueule, qui gueule....

Je n'en menais pas large. Mes deux colocatrices me mettait les 4 fers en l'air, la babines retroussées et l'oeil mauvais au moindre mouvements qui ne leur plaisait pas.

Et cet incessant ballet de bipède. Il y avait ceux qui donnait à manger (deux repas par jour, quel luxe!), et les autres, ceux qui passent devant les cages, qui nous observent, qui discutent en nous regardant. De temps en temps la porte s'ouvrait, un coloc' partait, revenait, ou alors un autre chien arrivait, l'air perdu, terrorisé. Faut dire que rien n'était fait pour le rassurer... que concert mes amis ! Ca n'arrêtaient jamais !

Le but de chacun, je l'ai appris rapidement, était de sortir d'ici. Ca s'apprend vite. Un bipède passe, il faut en profiter pour se faire remarquer. Moi, moi moi moi moi !!

Et il y a les autres. Ceux qui ne relèvent même plus la tête. Ils restent couchés loin au fond, et regarde d'un oeil las toute cette agitation. La vie leur a appris qu'il ne faut plus rien en attendre. Peut-être avaient-ils raison, mais moi j'était trop jeune, et je savais au fond de moi, que un jour, il arriverait quelque chose de bien.

Et c'est arrivé.